Une passion pour les égouts – V&V Infra sur le chantier de Koersel-Beringen

La manière dont nous gérons l’eau et le confort que cela nous offre nous semblent des choses tellement évidentes que nous ne réfléchissons même plus au fait que cela présuppose beaucoup (et de plus en plus) de savoir-faire. La pose d’un réseau d’égouttage efficace constitue une importante condition de base. Il faut dans ce secteur tenir compte de nombreuses règles et de nombreux facteurs, souvent en raison de considérations environnementales. Dans le cadre de notre dossier relatif à la gestion de l’eau, BETON s’est rendu à Koersel-Beringen sur le chantier de la Harpstraat. Nous y avons interrogé l’entrepreneur V&V Infra sur les défis qui doivent être relevés lors de ce genre de travaux.

Là où se déroule un chantier particulièrement actif se trouvait encore il y a quelques années un terrain abandonné depuis que la Maison communale de Koersel avait fermé ses portes. L’administration communale de Beringen s’est rendu compte du potentiel offert par le site et a fait élaborer un master plan. C’est alors que l’Académie de Musique, des Arts de la parole et de la Danse a pris possession des bureaux vides. Un bâtiment neuf doit pour sa part permettre d’offrir des services publics supplémentaires. Face à l’ « Academiepark », la Harpstraat a été prolongée et un réseau d’égouts pour une zone résidentielle de 8 appartements et 6 maisons y est en cours de réalisation.
« Il s’agit d’un égout séparatif pour l’ensemble du lotissement. C’est une mission classique pour nous, mais chaque chantier pose ses propres défis », explique Bart Van Genechten, cogérant de V&V Infra et que nous retrouvons exceptionnellement dans la roulotte de chantier. « C’est toujours avec plaisir que je viens sur les chantiers », sourit Bart Van Genechten, « je suis gérant, mais aussi ingénieur civil géomètre à la base. Et j’aime venir sentir ce qui se passe sur le terrain. »

Bart Van Genechten assure la gestion opérationnelle avec Kristof Van Herck : « Alors que je me concentre davantage sur le bureau d’entreprise et les calculs, Kristof assume principalement l’aspect exécutif. Mais nous ne voulons pas non plus que nos rôles respectifs soient strictement délimités, et c’est pour cette raison que nous nous remplaçons mutuellement en cas de nécessité. »
V&V Infra a été créée il y a neuf ans par Kristof Van Herck et Vandebos Bouwonderneming de Alken, une entreprise de famille avec plus de 90 ans expérience dans la construction. V&V est donc l’abréviation de Vandebos et Van Herck. Ici, dynamisme et tradition se combinent parfaitement. L’entreprise a rapidement grandi et V&V Infra emploie actuellement 26 salariés et fait appel à une solide équipe de sous-traitants. « Ce n’est pas le travail qui manque dans la construction de routes », confirme Bart Van Genechten pour expliquer la réussite de l’entreprise. « Il y a neuf ans, nous
ne possédions qu’une seule minipelle et nous louions des engins en fonction de nos besoins. Depuis, plusieurs machines sont venues compléter notre parc. Les affaires marchent bien et les jeunes que nous pouvons engager apportent une énergie supplémentaire à l’entreprise. Nous sommes résolument tournés vers l’avenir, et c’est pour cette raison que nous aimons travailler avec des stagiaires ou des étudiants qui effectuent des recherches dans le cadre de leur thèse. Par exemple, nous avons déjà demandé à des étudiants d’analyser l’efficacité de la commande machine 3D, ou la pose d’égouts à l’aide de systèmes 3D. V&V veut être prête pour la prochaine vague de numérisation. Nous nous préparons également à ce que les gestionnaires d’égouts pourraient prescrire à l’avenir. »
Travail de précision

V&V Infra est persuadée que la précision est un atout majeur pour la pose correcte d’égouts. B. Van Genechten : « La pose correcte d’un projet d’égouttage commence toujours par une mesure précise. » Le caractère indispensable d’une bonne préparation est sans aucun doute lié au fait que la numérisation pointe le bout du nez dans le secteur des égouts également.
B. Van Genechten : « C’est exact, cela représente un défi, mais simplifie également un peu notre travail. Nous possédons par exemple quatre pelles équipées d’une commande machine et nous pensons qu’il est important d’adopter le principe de la 3D. Sur la base des plans de conception, nous établissons un plan 3D, nous le faisons approuver par la direction du chantier et le copions alors dans le boîtier de la pelle. Sur le système, on voit à l’écran où se trouvent les fondations et où on peut creuser. Le plan montre où vous vous trouvez, où vous creusez et où se trouve votre alignement. Vous voyez même les bordures. À partir du modèle informatique, nous pouvons réaliser la tranchée
destinée au réseau d’égouts directement la bonne hauteur. »
Si le BIM rend le travail plus efficace, pourrait-il aussi résoudre l’éternel problème des câbles sectionnés lors de travaux routiers ? B. Van Genechten : « Nous n’en sommes malheureusement pas encore là. Car les câbles ne figurent pas toujours sur un plan. Et lorsqu’il y a des plans, ils ne correspondent souvent plus à la réalité. »
Poreux

Revenons à notre lotissement de la Harpstraat. « Tous les égouts ici ne sont pas en béton, explique Bart Van Genechten. Nous avons choisi des tuyaux en béton poreux pour l’évacuation des eaux de pluie. Cela permet d’obtenir une combinaison entre infiltration dans le sol et écoulement. Un oued est en outre prévu derrière le réseau d’égouts pour recueillir le tropplein d’eaux pluviales. » La décision de poser ici des tuyaux d’égout poreux de 800 mm n’a pas été prise par V&V Infra. B. Van Genechten : « Fluvius, le gestionnaire du réseau d’égouts, effectue d’abord une étude du sol avant de décider ce qui doit être posé. En Flandre et en Wallonie, les eaux usées et les eaux de pluie doivent être évacuées séparément lors de la construction de nouveaux bâtiments ou de la rénovation de réseaux d’égouts. Les eaux de pluie ne doivent pas aboutir dans le réseau d’égouts, réservé aux eaux usées. Il existe dès lors différentes possibilités pour évacuer les eaux de pluie. On peut les réutiliser, les laisser s’infiltrer dans le sol, les stocker temporairement ou les évacuer par le biais de l’évacuation des eaux de pluie. »
« Le béton est un produit intéressant, poursuit le chef de chantier. Il faut accorder la plus grande attention au positionnement correct du tuyau afin d’assurer un bon raccordement avec la citerne à laquelle il mène. Mais nos grutiers sont très expérimentés. J’estime que le principal avantage du béton est sa solidité. D’autres matériaux sont vite endommagés lorsqu’ils sont pris ou manipulés. »

Complexité
Cette visite démontre une fois de plus que les travaux d’assainissement et de voirie deviennent de plus en plus complexes. « Nous devons mettre de plus en plus de personnes sur chaque projet, explique M. Van Genechten. Le boulot reste le même, mais le suivi administratif est toujours plus exigeant. Nous posons le réseau d’égouts, mais nous devons en même temps nous charger du permis de signalisation et des réunions de travail, du suivi de la démolition et des règlements de terrassement, de l’exécution et de la surveillance du site. Et il faut également fournir les données as built, comme les fiches de raccordement des habitations. Bref, c’est un secteur d’activité passionnant. » (KDA)
Chantier V&V Infra – Koersel-Beringen, 2020
Maître d’ouvrage : Ville de Beringen & FLUVIUS
Conception : Antea Group Belgium nv
Entrepreneur : V&V Infra bvba
Éléments en béton : Tubobel nv