Projet résidentiel O’Sea Beach Ostende – La préfabrication, idéale pour les constructions de grande hauteur

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Le nouveau projet de construction O’Sea à Ostende est axé sur la qualité de vie, la durabilité et la fonctionnalité. L’architecture crée un lien évident entre la ville, le contexte, le quartier, les résidents et les visiteurs. Il s’agira d’un endroit “Livable Lovable” où les gens aimeront habiter, vivre et travailler. O’Sea Beach, le second volet du projet, a recours non seulement à des éléments structurels préfabriqués, mais aussi à des éléments de façade préfabriqués: éléments sandwich et monocoques. Les architectes se sont montrés enthousiastes et ont conçu les phases suivantes dans un esprit de préfabrication.

Habitat mixte

O’Sea est un nouveau quartier résidentiel situé en deuxième ligne côtière, à la limite sud d’Ostende. Les tours résidentielles, qui bénéficient d’une orientation optimale par rapport au soleil et à la mer, ont une implantation stratégique autour d’oasis de verdure. Le site est subdivisé en quatre zones aux identités différentes : O’Sea Charme, O’Sea Beach, O’Sea Life et O’Sea City. La première section déjà occupée, O’Sea Charme, borde la localité de Mariakerke, tandis que les phases suivantes sont plus proches de la ville. Une rue sans voitures et une place orientée au sud avec une crèche relient O’Sea Charme à la seconde partie, O’Sea Beach (fig. 1). Afin de conférer une échelle humaine à la place intérieure, les concepteurs ont opté pour l’implantation d’un ”porche“. Les tours résidentielles se dressent en bordure de la place, sur un socle composé de plusieurs étages.

Le projet O’Sea Beach, que nous abordons dans cet article, est un projet mixte comprenant trois tours résidentielles et un programme de soutien résidentiel. Le concept transforme les trois bâtiments et l’espace public environnant en un bel ensemble cohérent, entourant une place en son centre (fig. 2).

Les tours résidentielles comptent jusqu’à seize niveaux et l’ensemble comprend 236 unités d’habitation : un mix de studios, une centaine de résidences-services et appartements à une, deux ou trois chambres. Dans les halls d’entrée et dans la zone commune réservée aux boîtes aux lettres sous la porterie, les résidents peuvent papoter tranquillement à l’abri du vent.

Des places vivantes à l’échelle humaine

En raison de l’offre d’habitation variée et du programme de soutien résidentiel, la présence de résidents est permanente. Cette situation crée un site vivant offrant une sécurité sociale garantie. Toutes les unités d’habitation disposent de leur propre espace extérieur et, grâce au concept urbanistique, les résidents bénéficient également d’une luminosité maximale à l’intérieur. Une imposante terrasse commune verdoyante a été aménagée au cinquième étage du bâtiment dédié aux résidences-services. Elle constitue un véritable lieu de rencontre où il est également facilement possible de s’asseoir.

« Nous sommes convaincus que chaque intervention sur les bâtiments et leur environnement offre une opportunité d’améliorer durablement la vie : tant pour ceux qui y vivent ou y travaillent que pour ceux qui y passent, habitent le quartier ou regardent simplement le site. Pour ce faire, nous créons un lien entre l’architecture, l’environnement et les gens », explique l’architecte du projet, Judith David de CONIX RDBM Architects.

Trois blocs, quatre visages

Trois méthodes de construction différentes ont été utilisées pour la structure, avec des variations dans l’utilisation des matériaux préfabriqués.

Le premier bâtiment (Bloc HI) est construit de façon classique selon le concept initialement prévu : une structure intérieure en béton composée de prémurs, une isolation avec un vide ventilé, puis un mur extérieur maçonné de manière classique et, pour finir, un matériau ventilé en panneaux de fibrociment. « Ce mode de construction plutôt classique – une structure intérieure, une isolation et un vide, une structure extérieure maçonnée – s’est révélé un sacré défi en raison de la hauteur de l’immeuble, des échafaudages et des conditions météorologiques typiquement variables de la côte », explique Judith David. « Cette tour est la première des trois à avoir été mises en chantier avec la construction de l’enveloppe extérieure et sera terminée en dernier. C’est également le seul bâtiment de cette phase à avoir été entièrement équipé d’échafaudages. »

Pour les autres tours, il a été décidé d’adapter la méthode de construction prévue. Le collage de plaquettes de briques à grande hauteur aurait été assez dangereux et aurait exigé beaucoup de temps, d’énergie et de technique pour un maçon. Le choix s’est donc porté sur la préfabrication qui offre une réalisation plus qualitative, répétitive et sûre et ce sans aucun échafaudage. Efficace donc et surtout économique.

Dans le second bâtiment (Bloc JK), la tour des résidences-services, le socle compte cinq niveaux, alors que la tour en compte douze. L’ossature ou la trame de la façade est constituée d’ailettes verticales et de terrasses horizontales. Celles-ci ont été réalisées à base d’éléments en béton à simple coque avec des bandes de briques encastrées.

Les matériaux des terrasses du socle et de la tour, posés plus en retrait, sont des plaques de céramique, mais d’une couleur différente. « La variation se situe aussi au niveau des détails des ailettes verticales », explique Judith David. « Les ailettes du socle sont posées dans un sens différent de celles de la tour. Nous avons pu ainsi souligner l’échelle du socle par rapport à la place, sans qu’il soit pour autant perçu comme un élément ”lourd“. »

La place est clôturée par une porterie qui est partiellement intégré au bâti­ment JK.

Judith David : « Au départ, les cadres, qui figuraient en bonne place dans le concept architectural, devaient être collés comme des briques sur des panneaux. Le bureau de contrôle a cependant jugé que la procédure de collage des briques n’était pas sûre à grande hauteur et que l’adhérence ne pouvait pas être garantie. C’est ainsi qu’est née l’idée de travailler avec des éléments préfabriqués monocoques. Ils ont été réalisés dans l’usine de Loveld, avec les briques déjà encastrées. Le béton utilisé pour couler les éléments sert également de joint profond entre les briques. C’est une solution intéressante d’un point de vue budgétaire, puisqu’il n’est plus nécessaire de rejointoyer. Cela souligne aussi le caractère ”rugueux“ des briques, ainsi que l’aspect général du projet que nous visions. »

Le cœur du projet O’Sea Beach est le troisième bâtiment, le ”Bloc L“. Il occupe une position centrale sur la place et pivote à 90 degrés à partir du quatrième niveau de construction, zone à partir de laquelle débute le volume de la tour. D’un point de vue structurel, la compensation des porte-à-faux du volume de la tour constitue un défi de taille. « Pour ce bâtiment, nous avons franchi un pas de plus dans l’aventure de la préfabrication », explique Judith David. Le socle de trois niveaux a toujours une structure classique, mais la section de la tour a recours à des panneaux sandwich composés d’un panneau intérieur, d’une isolation et d’un panneau extérieur à bandes de briques intégrées. Les éléments, de la taille de deux ouvertures de fenêtre, ont été conçus comme un seul ensemble en usine, puis assemblés pièce par pièce sur le chantier. Les terrasses d’angle ont également été amenées sur chantier en tant qu’éléments parachevés. Dans le cas de ce bloc, le timing de finalisation du projet a joué un rôle majeur pour l’entrepreneur général. Si l’agencement à base de panneaux sandwich exige beaucoup d’ingénierie préparatoire, la construction proprement dite est très rapide : un niveau de construction a été réalisé tous les quinze jours. Un gain d’efficacité dans la gestion du calendrier, donc. Le temps d’ingénierie pour la tour a été consacré à la construction du socle selon la méthode classique. »

Méthodes de construction et matériaux créatifs

La beauté de ce projet réside dans le fait que l’usage varié des matériaux pour les différentes ambiances et échelles du projet soutient l’identité commune du site O’Sea Beach. Des matériaux classiques et bien connus, tels que la brique, le béton architectonique et les panneaux, ont été utilisés de façon prédominante, mais toujours de manière innovante. Si les briques des trois tours proviennent de la même ”famille de briques“, elles ont aussi leurs propres nuances de couleur. Le béton architectonique et la couleur du béton qui se reflète aussi dans les joints constituent également un élément de liaison.

L’usage créatif des matériaux, comme l’insertion des briques selon des orientations et des motifs différents, a offert aux architectes une grande liberté de conception et a permis de masquer les joints entre les éléments préfabriqués. « À première vue, on pourrait penser que la préfabrication restreint la créativité, car on est obligé de penser selon un certain schéma et un certain mode de répétition. Mais si vous vous appropriez la méthode de construction et que vous en tenez compte dès la phase de conception, votre créativité en tant qu’architecte s’en trouve au contraire renforcée. C’est ce que nous avons fait en envisageant la conception des phases suivantes du projet ‘O’Sea Life’ », conclut Judith David. (KDA)

O’Sea Beach | Ostende, 2021-2022
Maître d’ouvrage : Immobel nv – Plan : CONIX RDBM Architects nv – Surface : 24.950 m³ – Niveau-E : E40 – Entrepreneur : BAM Interbuild bv – Bureau d’études : Stedec nv (stabilité) – Boydens engineering (technique) – Techniques : Boydens nv – Paysage : Omgeving cv – Éléments en béton préfabriqué : Loveld nv