Isolation acoustique entre habitations

En mars 2022, le CSTC a publié la Note d’information technique (NIT 281) « Isolation acoustique entre habitations », un document attendu depuis longtemps. Sur la base des exigences de performance de la norme acoustique révisée pour les bâtiments résidentiels, elle évalue un certain nombre de concepts de construction du point de vue de leurs performances acoustiques. Des listes de contrôle claires pour les différents concepts de construction permettent au concepteur de trouver rapidement les informations nécessaires pour répondre aux exigences de performances. Dans BETON 236, nous nous sommes déjà attardés sur les performances de certains concepts de construction basés sur l’avant-projet de version de 2017 de la norme NBN S 01-400-1. Dans cet article, nous abordons brièvement le contenu de la NIT 281 et tirons quelques conclusions pour l’utilisation des dalles alvéolées dans les concepts de construction.
Cadre normatif
La norme révisée NBN S 01-400-1 [1] sera publiée en 2022. Les exigences s’appliquent aux bâtiments finis. Elles doivent néanmoins être utilisées comme points de départ pour la conception de nouveaux bâtiments. La norme définit trois niveaux de performance :
- Classe C : offre une protection acoustique minimale aux utilisateurs en présence de bruits d’un niveau normal.
- Classe B : vise un niveau de confort acoustique plus élevé que le niveau de performance de base de la classe C.
- Classe A : offre une protection acoustique très élevée aux utilisateurs. Des niveaux sonores quelque peu plus élevés peuvent ainsi être générés (installations de musique, téléviseurs, instruments de musique, etc.).
Les exigences relatives à l’isolation aux bruits aériens et aux bruits d’impact entre deux pièces dans des habitations contiguës sont indiquées dans le Tableau 1. Dans certains cas, les exigences entre un espace de circulation commun et un espace dans l’habitation prise en considération sont moins strictes. Des exigences supplémentaires en matière de basses fréquences sont imposées aux murs mitoyens entre habitations et aux planchers contigus à un espace d’étude, une cuisine, une chambre, un salon, une salle à manger ou une salle de bain. Dans le cas de constructions lourdes traditionnelles, la conception des murs de séparation entre habitations et des planchers est principalement déterminée par les exigences du Tableau 1.
La classe C est le niveau de performance minimal requis par la norme. Pour les maisons mitoyennes, la classe B est le niveau de performance minimal requis. Ces exigences sont dues au fait que les attentes en matière de confort acoustique sont généralement un peu plus élevées pour les habitants de maisons mitoyennes que pour les habitants d’un appartement. Les exigences de performance de la classe A ou B ne s’appliquent que lorsque le maître d’ouvrage ou l’acheteur du projet de construction a imposé ces exigences.


Concepts de construction et listes de contrôle
Les normes de calcul NBN EN ISO 12354-1 [2] et NBN EN ISO 12354-2 [3] permettent de calculer l’isolation aux bruits aériens et aux bruits d’impact sur place, sur la base des informations relatives aux produits composant les différents éléments de construction. Il s’agit toutefois d’une question complexe qui exige des connaissances acoustiques approfondies. La NIT 281 [4] propose une alternative sous forme de concepts de construction. Les performances acoustiques résultant de chaque concept de construction ont été calculées à l’aide des normes de calcul susmentionnées [2, 3], complétées par des modèles de calcul développés par le CSTC. La fiabilité du modèle de calcul global a été vérifiée par un grand nombre de mesures pratiques et de mesures réalisées en laboratoire.
En ce qui concerne les concepts de construction, on fait la distinction entre :
- Dalles continues (fig. 1) et interrompues (fig. 2) au niveau des murs mitoyens entre habitations ;
- Simples (fig. 1) et doubles (fig. 2) murs mitoyens.


Dans le cas de dalles interrompues, le double mur mitoyen entre habitations est un mur creux sans ancrage de part et d’autre. En cas de murs simples, la plupart des concepts de construction prévoient des doublages constitués de panneaux d’isolation minérale (60 mm d’épaisseur), de plaques de plâtre (2 x 12,5 mm d’épaisseur, sur un encadre-ment) ou de blocs de plâtre (100 mm d’épaisseur) (fig. 1).
Une distinction est faite en outre entre le type de matériaux des murs porteurs :
- Blocs silico-calcaires pleins (150, 175, 214 et 240 mm d’épaisseur) ;
- Blocs silico-calcaires creux (150 mm d’épaisseur) ;
- Briques (140 mm d’épaisseur, sur ou entre des bandes murales acoustiques ou non) ;
- Blocs de béton creux (140 mm d’épaisseur) ;
- Béton coulé (100, 150, 190 et 240 mm d’épaisseur).
Même si ceci n’est pas explicitement mentionné dans la NIT 281 [4], les parois en béton préfabriqué peuvent être considérées comme étant des murs en béton coulé sur place.
Pour une description détaillée des concepts de construction, nous faisons référence à la NIT 281 [4]. Dans la plupart des concepts de construction, le mur de refend et le mur de façade doivent en outre être interrompus (fig. 1 et 2). Ce n’est qu’en utilisant du béton coulé sur place/du béton préfabriqué que l’interruption peut être omise dans certains cas.
Les concepts de construction sont décrits au moyen de tableaux d’exigences de performance (Check-list). La première partie de chaque check-list énonce les exigences relatives aux différents aspects du concept de construction, tels que le mur de séparation entre habitations, les autres murs porteurs, les fondations et la chape flottante.
La seconde partie des check-lists comprend les performances acoustiques en fonction de la masse surfacique (‘masse’) de la dalle exprimée en kg/m². Celle-ci est constituée de la somme de la masse du plancher avec son éventuelle couche de compression et de la masse de la couche de remplissage sous la sous-couche résiliente.
Dalles alvéolées
Les check-lists proposent pour les masses des planchers porteurs des équivalents en épaisseur de dalles de béton sur base de la masse volumique du béton armé (2.400 kg/m²). Afin d’effectuer une comparaison correcte entre l’épaisseur d’une dalle de plancher composé de dalles alvéolées et celle d’une prédalle, il faut, dans les deux cas, tenir compte de l’épaisseur de la couche de remplissage nécessaire sous la sous-couche résiliente. Une couche de remplissage thermique n’est pas nécessaire pour respecter la réglementation thermique (Umax = 1 W/m²K). C’est pour cette raison qu’on tient compte d’une couche de remplissage de sable-ciment (2.000 kg/m³) d’une épaisseur minimale de 6 cm. Le Tableau 2 indique les épaisseurs des dalles de planchers. Ce tableau n’est pas fourni par la NIT 281 [4]. Les dalles alvéolées de 13 cm d’épaisseur sont en béton armé. L’épaisseur minimale de la couche de compression de ces éléments est de 5 cm pour des raisons de stabilité (charge utile de 6 kN/m² pour une portée de 4,5 m). Les dalles alvéolées de 15 cm d’épaisseur sont en béton précontraint. Elles ne nécessitent aucune couche de compression pour des raisons de stabilité. L’épaisseur structurelle minimale de la prédalle est de 18 cm.
La classe C dans les immeubles d’appartements (appartements tant situés les uns au-dessus des autres que les uns à côté des autres) et les maisons en colonne (appartements situés les uns au-dessus des autres) est facilement réalisable pour la plupart des concepts de construction avec des dalles alvéolées. Une masse de dalles de planchers de 350, 400 ou 450 kg/m² est suffisante dans la plupart des cas. Dans ces cas, l’épaisseur des dalles de planchers à base de dalles alvéolées est comparable à celle des prédalles.
Dans les immeubles d’appartements, la classe B est encore réalisable avec des dalles alvéolées. Une masse de dalle de plancher de 450 kg/m² est suffisante pour les concepts de construction1 suivants :
- Dalles continues et simples murs mitoyens en béton coulé sur place/béton préfabriqué (190 mm d’épaisseur), plus des doublages en plaques de plâtre ;
- Dalles continues et simples murs de séparation entre habitations en blocs silico-calcaires pleins (240 mm d’épaisseur) ou béton coulé sur place/béton préfabriqué (190 mm d’épaisseur), plus des doublages en plaques de plâtre.
Les concepts de construction1 ci-dessous peuvent également être appliqués avec une masse de dalles de 550 kg/m² :
- Dalles interrompues et coulisse sans ancrage en briques lourdes (140 mm d’épaisseur, sur des bandes murales acoustiques) ;
- Dalles continues et doubles murs mitoyens en briques lourdes (140 mm d’épaisseur, entre bandes murales acoustiques) ou béton coulé sur place/béton préfabriqué (150 mm d’épaisseur) ;
- Dalles continues et simples murs mitoyens en blocs de béton creux (140 mm d’épaisseur) ou béton coulé sur place/béton préfabriqué (150 mm d’épaisseur), plus des doublages en plaques de plâtre ou blocs de plâtre.
La classe B dans les maisons en colonne est également encore réalisable avec des dalles alvéolées. Les mêmes concepts de construction que pour les immeubles d’appartements peuvent être appliqués. Le concept de construction1 à base de dalles continues et de simples murs mitoyens en briques légères ou lourdes (140 mm d’épaisseur, entre des bandes murales acoustiques), plus un doublage en plaques de plâtre, est également possible pour des masses de dalles de 450 kg/m². Pour les dalles d’une masse de 550 kg/m², un concept de construction1 complémentaire est possible avec des dalles continues et des doubles murs mitoyens en blocs de béton creux (140 mm d’épaisseur) ou béton coulé sur place/béton préfabriqué (150 mm d’épaisseur).
La classe A est difficile à atteindre dans les immeubles d’appartements et les maisons en colonne. Pour les immeubles d’appartements, ce n’est possible qu’en prévoyant des dalles continues et de simples murs mitoyens en béton coulé sur place/béton préfabriqué (190 mm d’épaisseur) ou en blocs silico-calcaires pleins (240 mm d’épaisseur), plus des doublages. La masse requise pour les dalles de planchers est alors de 700 kg/m². Pour la classe A dans une maison en colonne, le choix des concepts de construction est un peu plus large. Dans ce cas, les dalles doivent avoir une masse de 600 kg/m² ou 700 kg/m². À cet effet, une dalle de respectivement 26 cm et 31 cm (y compris la couche de remplissage) s’avère nécessaire en cas d’utilisation de prédalles. Dans le cas de dalles alvéolées, l’épaisseur requise pour la dalle est respectivement de 35 cm et 42 cm.
Pour les maisons mitoyennes, les concepts de construction avec des dalles interrompues constituent la meilleure solution. Avec une masse de dalles de 300 kg/m², même la classe A est réalisable avec tous les types de matériaux pour les murs porteurs.(BHE)
1 Le type de matériau indiqué pour les murs mitoyens résidentiels de ces concepts de construction est le même que celui du mur intérieur de la façade et des autres murs porteurs.
RÉFÉRENCES
[1] NBN S 01-400-1:2022, Critères acoustiques pour les bâtiments résidentiels [2] NBN EN ISO 12354-1:2017, Acoustique des bâtiments -Estimation des performances acoustiques des bâtiments à partir des performances des éléments – Partie 1 : Isolation aux bruits aériens entre les pièces [3] NBN EN ISO 12354-1:2017, Acoustique des bâtiments -Estimation des performances acoustiques des bâtiments à partir des performances des éléments – Partie 2 : Isolation aux bruits d’impact entre les pièces [4] Note d’information technique n°. 281, Isolation acoustique entre habitations, mars 2022, CSTC