Entretien avec Evert Lemmens, Président de FEBELCO – « Le Blue Deal et le Green Deal constituent nos défis »

FEBELCO est par définition le groupement de produits représentant les fabricants de tuyaux en béton au sein de la FEBE. Bien que FEBELCO ait été fondé à l’origine pour représenter les intérêts des fabricants de tuyaux en béton, le champ d’activité du groupement s’est considérablement élargi ces dernières années. L’association dynamique des fabricants a un nouveau président depuis peu.
BETON : Vous êtes directeur général du groupe TUBOBEL et président de FEBELCO depuis l’année dernière. Pourriez-vous retracer brièvement votre parcours ?
Evert Lemmens : « J’ai débuté ma carrière en tant qu’auditeur financier chez EY, mais il y a environ trois ans, j’ai rejoint mon père au sein du Groupe TUBOBEL. Mon père était président de FEBELCO et lorsque sa santé a décliné, je suis devenu plus actif au sein du groupement. Après le décès de mon père, j’ai posé ma candidature au poste de président. Je suis encore jeune et j’ai encore une énorme courbe d’apprentissage devant moi, mais je suis chaque jour plus à l’aise dans ma fonction. »
BETON : Y a-t-il eu, ces dernières années, des actions de FEBELCO qui vous ont paru particulièrement importantes ?
Evert Lemmens : « FEBELCO a en général de nombreuses raisons d’exister. Si, en tant qu’entreprise individuelle, vous souhaitez rester informée de toutes les réglementations, FEBELCO peut vous aider. Comme fabricant, vous ne devez alors pas nécessairement participer à tous les groupes de travail où sont abordés nos produits. FEBELCO représente notre voix au sein de ces groupes de travail. En exprimant notre point de vue, les décisions prises s’avèrent réalistes pour les fabricants. Des experts de la FEBE, tels que Raf Pillaert pour FEBELCO, nous indiquent les sujets traités et nous conseillent quant à leur gestion. Cela permet de suivre toutes les évolutions du marché, tout en s’assurant que l’on tienne également compte de nous en tant que fabricants de tuyaux d’égouttages. »
BETON : Y a-t-il des matières que vous aimeriez orienter en tant que président dans les années à venir ?
Evert Lemmens : « En plus de la facilitation que nous venons d’évoquer, la promotion et le marketing sont d’autres éléments très importants pour nous. Notre principal défi consiste à montrer l’avantage de nos produits. Il arrive bien trop souvent qu’un fournisseur individuel ne promeuve des produits qu’il soit le seul à produire. Pour améliorer l’image de marque de façon adéquate de tous les produits, il nous faut unir nos forces. Cela permettra de mieux informer le grand public de la dynamique de nos produits. Comme groupement, nous sommes déjà très actifs lors des salons professionnels, mais nous devons encore davantage avoir recours aux médias pour toucher l’opinion publique. J’entends par là : saisir un point de vue opposé et y répondre de façon appropriée. FEBELCO pourrait par exemple jouer un rôle majeur dans le débat concernant l’espace public. »
BETON : Vous dites que vous voulez présenter le béton sous un jour favorable. Quelles sont les principales valeurs que vous pouvez mettre en avant pour les produits de FEBELCO ?
Evert Lemmens : « Il y a deux grands défis sociétaux dans lesquels nos produits s’inscrivent parfaitement. Le premier est le “Blue Deal”. Il est important que l’eau s’infiltre dans le sol à l’endroit même où elle tombe du ciel. Nous proposons différentes solutions pour relever ce défi. Depuis de nombreuses années déjà, les fabricants de FEBELCO produisent des applications poreuses qui permettent de collecter l’eau en surface et de la laisser s’infiltrer dans le sous-sol par le biais de tuyaux poreux, de bacs d’égout poreux, etc. »
BETON : Les possibilités de ces tuyaux poreux sont-elles suffisamment connues ?
Evert Lemmens : « Plusieurs administrations communales misent déjà massivement sur ces produits, mais d’autres favorisent encore les solutions telles que les fossés ouverts. Les résidents du quartier voient ainsi très concrètement les efforts d’infiltration qui sont entrepris dans leur rue ou commune, mais le même effet peut être obtenu avec un tuyau poreux dans certains cas. Cette infiltration souterraine permet de gagner un espace considérable. Là où la solution du fossé ouvert requiert toute une parcelle de terrain pour permettre l’infiltration de l’eau, nos applications utilisent toute la largeur de la route, vous laissant même la place pour une piste cyclable ou une voie de bus supplémentaire. Il n’est cependant pas toujours évident de promouvoir les qualités d’un produit qui est invisible après son installation. »
« Le Blue Deal ne concerne pas seulement l’infiltration, mais aussi la prévention des inondations. C’est là que nos tuyaux d’égouttages traditionnels peuvent apporter une solution. Il existe finalement des situations ou des zones où les eaux pluviales sont trop abondantes à un moment donné. Cette eau doit alors soit être stockée, soit être drainée le plus rapidement possible pour éviter les inondations. La tendance de lutte contre les inondations est donc la suivante : on stocke sur place, ou on draine et on stocke ailleurs. Nos produits se prêtent parfaitement à ces solutions. À l’avenir, FEBELCO devrait certainement communiquer davantage à ce propos. »
BETON : Le développement durable est un thème important pour l’ensemble du secteur du béton. Est-ce également le cas pour FEBELCO dans les années à venir ?
Evert Lemmens : « En plus de notre engagement à l’égard du Blue Deal, nous comptons, dans les années à venir, également accorder une attention croissante au Green Deal. Au cours de nos réunions, nous ne manquerons certainement pas d’aborder notre approche des exigences environnementales contemporaines et futures. Dans ce cadre, je pense en premier lieu à la réduction du CO₂, ensuite à la circularité et au développement durable. »
« Le béton souffre injustement d’une image de marque négative. Il est en fait composé de sable et de pierres concassées, qui sont extraits localement pour être ensuite transportés par voies navigables. Ce sable et ces cailloux doivent alors être collés les uns aux autres. Pour un béton classique, cela se fait à base d’un mélange de ciment et d’eau. Le ciment est effectivement à la base d’émissions de CO₂ élevées. Comme fabricants, nous en sommes bien conscients. Je pense que chaque fabricant prend des initiatives pour remplacer ou réduire la teneur en ciment. Mais comment veiller à ce que les idées et les solutions soient mûrement réfléchies et durables ? Tout comme le béton traditionnel, les alternatives doivent pouvoir durer 100 ans. Il devient donc extrêmement important de savoir comment nous allons procéder au contrôle de la qualité. Chaque fabricant veut essayer les nouvelles possibilités le plus rapidement possible, mais les produits doivent être suffisamment testés et la réglementation doit être claire. »
« Une autre grande question consiste à savoir ce que nous ferons de nos produits à la fin de leur durée de vie, par exemple au moment où on modifie le tracé d’une route ? Pourra-t-on, à terme, broyer les tuyaux en même temps que les pavés de revêtement ? Là encore, le sujet des produits de substitution du ciment fera à nouveau surface. Certains substituts du ciment émergents ne peuvent absolument pas être mélangés à d’autres types de béton parce qu’ils ont des propriétés différentes. Il faudra également en tenir compte dans la réglementation. »
« Il s’agit de trouver l’équilibre parfait entre développement durable, circularité et émissions de CO₂. Ces trois éléments déterminent le coût environnemental de votre produit. Ce ne sera pas un exercice facile. »
BETON : À votre avis, comment tout cela se traduira-t-il dans le fonctionnement de FEBELCO ?
Evert Lemmens : « Une chose est sûre : avec la normalisation des possibilités futures, tous les fabricants vont devoir faire face à un défi commun. Je suis sûr que nous pouvons nous retrouver dans cet effort. L’élaboration d’un plan stratégique montrera clairement la voie à suivre pour unir nos forces. Nous devrons œuvrer pour que chaque solution de chaque fabricant soit soumise aux mêmes contrôles de qualité et au même suivi avant d’être mise sur le marché. C’est le seul moyen pour nous de maintenir la qualité de nos produits à leurs niveaux d’aujourd’hui. » (KDA)